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Parents, souffrez-vous du complexe de l’aire de jeux ?

Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire « Darons Daronnes » sur la parentalité, qui est envoyée tous les mercredis à 18 heures. Pour la recevoir, vous pouvez vous inscrire gratuitement ici.
Je déteste les aires de jeux. Avant d’avoir des enfants, je n’ai pas souvenir d’avoir remarqué l’existence de ces structures incongrues, si ce n’est peut-être lors de fins de soirée arrosées à l’adolescence, où monter sur un tourniquet qui irait le plus vite possible semblait soudain une idée géniale (spoiler : erreur).
Si je remonte encore plus loin, je me souviens des bacs à sable parisiens où ma mère m’emmenait le week-end. Je percevais chez elle une certaine réticence à me voir farfouiller dans ces carrés prisés des chiens du quartier. Il y avait autre chose dans son attitude que je n’aurais su identifier à l’époque. Ma mère s’installait un peu à l’écart, sur un banc, et semblait consciencieusement éviter toute interaction avec les autres parents.
Aujourd’hui, avec trois enfants, et presque dix ans à rouler ma bosse dans les aires de jeux, je comprends mieux le comportement de ma mère. D’abord, et pardon d’avance pour tous ceux qui les conçoivent avec soin, un jugement esthétique à l’emporte-pièce : ces lieux sont laids. En France, ils doivent répondre à un cahier des charges réglementaire lourd. Les aires sont donc standardisées, avec des jeux souvent achetés sur catalogue.
Il y a bien sûr des exceptions, dans les grandes villes qui peuvent se le permettre : des espaces aménagés en harmonie avec les alentours, sans couleurs criardes, avec du bois… Mon aversion demeure, parce que je crois que l’idée même d’un lieu réservé aux enfants me déplaît. Comme si tout le reste de la commune ne leur était pas destiné. C’est une réflexion que mène depuis des années le philosophe Thierry Paquot, qui critique ce qu’il nomme les « parkings à enfants » et milite pour une ville récréative.
Mais la vérité, c’est que mon inconfort n’est pas uniquement esthétique. Il est, je pense, lié à deux éléments indissociables des aires de jeux : l’ennui et les autres parents.
Ah, ce mortel ennui ! Je ne vais pas m’étendre ici sur le sujet. J’ai fanfaronné la semaine dernière en vantant la « sous-parentalité » et en déclarant que mes enfants s’adapteraient désormais à mes activités, si ennuyeuses fussent-elles pour eux, plutôt que l’inverse.
Sauf qu’au soixante-douzième « je veux aller au paaaarc ! », j’ai cédé. Et j’ai pu refaire le constat que regarder un enfant faire des concours de cochon pendu est à la fois terriblement lassant, très mauvais pour la tension (il va tomber), et une source sans fin de comparaisons (dis donc, son copain est bien plus adroit que lui).
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